récit partial
Le congrès du parti socialiste. Son rituel immuable, la disposition même des tables, réservées aux délégués élus par leurs fédérations, cette ambiance de grand-messe qui s'échauffe de temps à autre, au gré des envolées lyriques de nos brillants orateurs... tout cela nous relie à notre Histoire, celle de Léon Blum, de Jean Jaurès, de François Mitterrand, celle du front populaire et de mai 81, celle de tous les socialistes qui à travers le Monde se battent pour la Liberté et la dignité humaine.
La particularité de ce 75e congrès, c'est que le premier secrétaire sortant, en place depuis 1997, va prononcer son dernier discours. Il sera comme d'habitude, très étudié, hyper-structuré, souvent drôle, mais laissant cette impression bizarre d'avoir écouté un observateur plus qu'un acteur, quelqu'un qui nous présente tous les éléments du problème, toutes les solutions possibles et envisageables, mais... on a presque envie de lui dire : très bien François, alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Franck Pupunat, leader de la motion "utopia" a posé une question digne du bac-philo aux congressistes : "peut-on croire à une croissance infinie dans un monde fini ?" A méditer...
Gérard Filoche, inspecteur du travail éternellement campé sur l'aile gauche du parti, a parlé de la retraite et de l'espérance de vie des travailleurs "de 60 à 65 ans, c'est les meilleures années de la retraite !" et il s'est tellement énervé (à juste titre) contre Sarkozy qu'on a pu craindre pour la sienne, d'espérance de vie, mais il est solide le Gégé et comme beaucoup de militants j'ai été rassuré de le voir ici plutôt que dans le sillage de Mélenchon.
Laurent fabius s'est taillé un succès aussi vif que facile en tapant sur le Modem. Sait-il que dans sa bonne ville de Lille, sa propre colistière de congrès Martine Aubry s'est alliée avec ce parti lorsqu'il affirme péremptoire "la question des alliances n'est pas négociable !"
Intervenant aussitôt après l'ancien plus jeune premier ministre, Delphine Batho a rappelé que le PS, avant de parler alliance, devait d'abord s'adresser aux couches populaires, à ceux qui souffrent des effets conjugués de la crise et de la politique de régression sociale que la droite inflige au Pays, opposant les Français entre eux, le rmiste conte le smicard, le senior au chômage contre le jeune qui veut entrer dans le monde du travail...
Gérard Collomb a parlé lui aussi de cette crise qui détruit les fondements-même de notre société, dans un style qui ne laisse place à aucune fantaisie, tout en efficacité, à la Lyonnaise quoi. Et Bertrand Delanöé, l'autre grand Maire du PS, nous a appelé au desintéressement et au respect du vote des militants, un passage qui fut très applaudi, notamment par Ségolène Royal elle-même !
Qu'allons-nous retenir de tout cela ? Que les dirigeants nationaux du parti n'ont pas pu trouver un accord ? Que ces trois jours de discussion n'ont pu déboucher sur un texte commun ?
Je pense qu'on peut retenir deux choses :
- les représentants de la motion arrivée en tête ont fait tous les efforts possibles pour obtenir le rassemblement, mais ce travail était vain car les autres n'en voulaient pas.
- la balle est dans le camp des militants, je ne doute pas qu'ils vont s'en saisir pour sanctionner l'attitude irresponsable de ceux qui refusent le rassemblement, et pour donner au parti socialiste une ligne claire, une équipe renouvelée et une première secrétaire d'avenir qui s'appelle Ségolène Royal.