les vieux démons

Il y a quelques semaines, à l'occasion de son élection à l'Académie, la France rendait un hommage unanime à Simone Veil, déportée à Auchwitz, magnifique combattante du devoir de mémoire. Simone Veil reste aujourd'hui "la femme préférée des français".

Notre Simone Veil à nous s'appelle Ida Grinspan. Envoyée en Deux-Sèvres à l'age de dix ans, elle est accueillie par une famille, passe son certificat d'études. Mais le 31 janvier 1944, trois gendarmes viennent l'arrêter. Elle est déportée vers l'Allemagne.

Dimanche dernier, le témoignage de cette femme a été interdit de lecture par le Maire de Parthenay, "soucieux de ne pas stigmatiser une profession". (lire ici) Comme si nos gendarmes pouvaient se sentir blessés par le rappel de cette triste vérité, reconnue par Jacques Chirac en 1995, oui, c'est un fait historique, le Gouvernement de Vichy a collaboré avec l'Allemagne nazie !

Nous avons aussi nos héros, ceux qui ont refusé d'obéir aux ordres, ceux qui sont morts sous la torture, les Justes (nombreux en deux-Sèvres) qui ont protégé des enfants juifs comme ils l'auraient fait pour leurs propres enfants... jeter un voile pudique sur certains comportements coupables, c'est aussi insulter leur mémoire.

Monsieur Argenton vient de présenter ses excuses à Ida Grinspan, évoquant "une maladresse".

Mais pour minimiser la gravité de son acte de censure, il accuse Nathalie Lanzi d'avoir lancé "une polémique injuste". Ceux qui connaissent Nathalie savent qu'elle exerce son métier de professeure d'Histoire avec enthousiasme, sans aucune confusion avec ses activités militantes.

La polémique autour de cette censure n'a donc rien à voir avec l'engagement politique de Nathalie Lanzi. Elle a en revanche tout à voir avec une certaine conception de l'Histoire et de la France que l'on croyait définitivement abandonnée depuis 1995. Les "vieux démons" sont toujours là, M. Argenton leur a donné la parole en coupant celle d'Ida Grinspan.