semaine de 4 jours à l'école : notre députée interpelle le ministre
L'Assemblée nationale discute depuis hier du projet de loi relatif au droit d'accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires publiques.
Delphine Batho s'est saisie de l'occasion de ce débat pour interroger le Ministre de l'Education Xavier Darcos, sur les difficultés auxquelles sont confrontées certaines communes des Deux-Sèvres du fait du passage à la semaine de quatre jours dès la prochaine rentrée scolaire, alors que les enfants avaient jusqu'ici école le mercredi matin.
Fait inhabituel dans le déroulement de la séance, Xavier Darcos a alors immédiatement pris la parole pour répondre notamment qu'il avait donné une instruction formelle pour que les demandes de dérogation soient acceptées et qu'il ne comprenait pas ce qui a pu se passer dans les Deux-Sèvres.
Après cet échange, le Ministre s'est engagé auprès de la Députée en indiquant qu'il allait demander à ses services d'apporter une réponse positive aux communes qui souhaitent maintenir une organisation sur neuf journées et demie.
Soulignant que les dérogations demandées, pourtant prévues par le décret du 15 mai, sont refusées, elle a interrogé le Ministre sur la réponse qu'il comptait apporter à la demande des élus locaux pour que l'application de cette réforme soit reportée d'un an.
voici un extrait de cet échange, plutôt édifiant :
Assemblée nationale
Extrait du compte-rendu analytique provisoire
de la séance du mardi 15 juillet 2008 (séance de 21h30)
Mme Delphine Batho Selon un sondage, 60 % des Français sont pour le service minimum à l'école...
Plusieurs députés UMP – 80 % !
Mm
e Delphine Batho Qui donc oserait aller contre le bon sens ? Monsieur le ministre, cette lapalissade se heurte à la réalité de votre texte et de votre politique. Vous nous parlez de l'intérêt des familles et des parents qui travaillent. Avez-vous pris en compte l’intérêt des familles avant de supprimer une demi-journée d'école par semaine ? Dans mon département, de nombreuses écoles fonctionnaient sur quatre jours et demi, avec école le mercredi matin. Et voilà que, le 15 mai, votre décret sur la semaine de quatre jours est paru. Depuis lors, toutes les demandes de dérogations pour continuer à faire classe le mercredi matin, pourtant autorisées par votre décret, ont été refusées dans ma circonscription.
M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale – Eh bien, ce n’est pas normal !
Mme Delphine Batho
M. Patrick Roy – Elle a raison !
Mme Delphine Batho
Vous parlez encore de l'intérêt des enfants, mais nul ne sait quelles seront les compétences des personnels devant assurer le service d'accueil. La seule chose à ce sujet, à l'article 7 bis, c’est que ce ne seront pas des délinquants sexuels. Nous voilà rassurés !
Je ne parle pas des conséquences de votre projet pour les communes, en particulier pour les 89 % d’entre elles qui sont équipées d’écoles primaires et comptent moins de 3 000 habitants. On voit bien l’embarras de la majorité (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), qui a déposé de nombreux amendements de dernière minute. Voudriez-vous faire croire qu’après être passés en force pour soumettre les élus locaux à vos desiderata, vous les auriez rassurés ? Au demeurant, ces amendements ne règlent ni le problème de la responsabilité, ni aucun autre.
Chacun l’a compris, nous ne sommes pas ici dans un débat sur l'avenir de l'éducation, tenant compte des besoins des enfants et des familles, de la situation des communes. Nous sommes réunis pour donner l’onction à la nouvelle croisade idéologique de l'UMP contre l'éducation, les enseignants, le service public, le droit de grève (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP). Vous passez votre temps à supprimer des postes, et vous cherchez à cacher ces suppressions derrière une loi idéologique.
Si vous aviez sincèrement à cœur les désagréments que connaissent les parents ou le respect des enseignants, vous auriez négocié avec les organisations syndicales. Ces négociations auraient pu déboucher sur un mécanisme d'alerte sociale. Voilà qui aurait été une conception moderne des relations sociales. Au lieu de cela, vous avez choisi, par l’affichage d’une limitation du droit de grève, d’opposer les parents aux enseignants pour diviser la communauté scolaire (Même mouvement).
Monsieur le ministre, vous pouvez croire que vous marquez aujourd’hui un point. Après le vote de ce projet, vous pourrez même, comme le Président de la République, faire rire aux réunions de l'UMP, en fanfaronnant que « désormais, quand il y aura une grève, personne ne s'en apercevra ». Mais prenez garde ; certains de vos prédécesseurs en ont fait l’amère expérience : l'histoire sociale de notre pays montre qu'à force de tirer sur la corde, elle finit par casser ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine)
M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale – Madame Batho, je n’ai jamais demandé que l’on passe à la semaine de quatre jours. Ce que j’ai fait, c’est demander aux conseils d’école, soit d’adopter la semaine de quatre jours, soit de demander une dérogation, tout en donnant instruction formelle aux inspecteurs d’académie et recteurs d’accepter toutes les demandes de dérogation. Je ne comprends donc pas ce qui a pu se passer dans les Deux-Sèvres. Dans la commune de Brioux, où la dérogation a été acceptée,…
– Non !
M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale – …ce sont finalement les enseignants qui n’ont pas voulu de la semaine de quatre jours et demi. Je suis si peu favorable à la semaine de quatre jours que, dans la commune dont j’ai été maire pendant douze ans, elle n’existait pas. Il n’est donc pas possible de me faire ce procès. Les conseils d’école sont libres de choisir quatre jours ou quatre jours et demi (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP).
Mme Delphine Batho
– C’est faux !
Mme Delphine Batho